Les spams polluent autant que 3 millions de voitures

Une étude réalisée pour l'éditeur d'anti-virus McAfee détaille "l'impact écologique" des milliards de pourriels envoyés dans le monde chaque année. Avec une conclusion choc : les spams émettent chaque année autant de dioxyde de carbone que 3,1 millions de voitures.

Pollueurs, les spams ? Pollueurs de boîtes aux lettres électroniques, certainement. Qui n'a pas soupiré en découvrant, au milieu de ses mails, une invasion d'invitations à acheter du viagra sur internet, quand il ne s'agissait pas d'appels désespérés de la prétendue fille d'un dirigeant africain déchu vous invitant à partager un hypothétique héritage ? Qui n'a pas, d'un doigt rageur, effacé la marée montante de sollicitations de toutes sortes pour découvrir, un peu plus tard, que l'invasion continuait ? De là à accuser ces malencontreux pourriels de contribuer au réchauffement climatique, il y a un gouffre à franchir.

McAfee l'a franchi sans complexe. Car derrière les messages, tout virtuels qu'ils soient, il y a bien sûr des machines : serveurs, ordinateurs infectés par des "chevaux de Troie" et transformés en relais de l'invasion des spams à l'insu de leurs propriétaires, sans compter, bien entendu, les ordinateurs de tous les destinataires. Ces ordinateurs, il faut les alimenter. Pour calculer, non pas le poids de la fumée, comme Paul Auster (1), mais le coût écologique des spams, il suffit donc de comptabiliser le temps durant lequel les ordinateurs qui servent à les envoyer et à les consulter ou les détruire sont allumés, et l'énergie consommée.

Même le filtrage des spams consomme de l'énergie

Etude à l'appui, le spécialiste de la sécurité informatique détaille donc "l'impact écologique" des 62 milliards de pourriels envoyés dans le monde en 2008. Avec une conclusion choc : "le spam consomme annuellement 33 milliards de kilowatt-heures" au fil des cinq étapes de sa vie : création, envoi, réception, stockage et consultation. Cela équivaut à l'électricité consommée par 2,4 millions de foyers américains, avec des émissions de gaz à effet de serre équivalentes à celles produites par 3,1 millions de voitures, souligne McAfee.

Le tri, l'affichage et la suppression de ces messages par les internautes, ainsi que la recherche de mails "légitimes" interceptés par erreur par les filtres, représentent près de 80% de la consommation d'énergie liée au spam. Le filtrage effectué en amont par les fabricants d'anti-virus compte lui pour 16%. Cette opération "est utile, certes, mais s'attaquer au problème à la source est bien plus efficace", note l'étude. Et le rapport cite l'exemple du fournisseur d'hébergement web McColo, connu pour sa contribution importante à ce fléau, dont la fermeture en novembre 2008 avait permis à l'époque de diminuer de... 70%, du jour au lendemain, le volume de spam mondial, soit l'équivalent du retrait de 2,2 millions de voitures de la circulation. Depuis lors, bien sûr, les spams ont trouvé d'autres serveurs où se nicher.

Avec agences
(1) Comment trouver le poids de la fumée d'un cigare ? Il suffit de peser le cigare, puis, lorsqu'on le fume, de recueillir les cendres et de les peser à leur tour. La différence entre le poids du cigare et celui des cendres, c'est le poids de la fumée.

Comments

[dede]

Bonjour Jean Michel,   En effet, c'est malheureux de penser qu'un tel gaspillage est du à des spams.   J'ai bien aimé la logique mathématique en pesant le cigare... puis les cendres, pour définir le poids de fumée.    Bon week end.   Amitiés.   dédé.